Beau oui, comme Powys
Je relève mes lunettes sur le haut de mon crâne et je frotte mes yeux, déclenchant par ce geste toute une série de picotements agréablement douloureux (ou douloureusement agréables, j’hésite). L’obscurité commence à envahir le salon silencieux ; les meubles se drapent d’ombres. Je repose sur l’accoudoir du fauteuil le livre de J.C. Powys que je lis depuis quelques heures... Quelques phrases me reviennent à l’esprit :
« Ce qui la déconcertait, la troublait, c’était la passion frustrée de ce visage, pareil à un navire aux ponts couverts de grands canons noirs qui la visaient dans la brume ».
« Ce silence, saturé d’une fluidité jaune comme une grande éponge humide qui aurait lavé le corps doré d’une idole noyée ».
Je rechausse mes lunettes et je me sens soudain très las : comment voulez-vous oser prendre la plume après avoir goûté à de telles splendeurs ?