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¿ Les 7 mains ¿
5 juin 2009

Chroniques d'un super-héros, 16

Fabrice_mini
L’
histoire de l’Homme est insondable. Elle peut laisser perplexe, parfois. Il faut d’abord imaginer l’être humain un os, disons une baguette à la main, tapant sur une peau façon 2001. Sans rythme et sans retenue, 100% barbare. Le sujet, mâle brun de type occidental âgé de quinze printemps, le visage pâle constellé de tâches de rousseur, de boutons d’acné, s’exprime dans un langage sommaire et monosyllabique, « Ouais », « P’tain », « ‘Culé », se nourrit de viande de mammouth enrobée dans des petits pains circulaires et graisseux accompagnés d’un liquide ambré. Il ingurgite des quantités sidérantes de nourriture accompagnant sa croissance (on se demande où il les met). Peu importe. Il fréquente une meute essentiellement masculine qui, tout comme lui, porte une crinière. Brouillonne et pusillanime, les cordes vocales en pleine mutation, la meute s’adonne à d’étranges cérémonies. On brandit un calumet conique, une canette, on hoche bizarrement la tête autour d’un autel électrique où évolue un disque noir. Il tourne sur lui-même et diffuse un chapelet de fréquences suraigües. A la limite de ce que l’oreille humaine peut tolérer - ils seront tous sourds avant cinquante ans -, lesdites fréquences ont un effet hypnotique indéniable.
Il m’a fallu dix bonnes années pour accomplir la mue, dix ans pour abjurer le hard rock, couper mes cheveux gras parsemés de pellicules, Cassandre annonciatrice de calvitie, et, après le désordre punk, la rigueur mod et la sophistication new wave, découvrir l’usage du peigne et la vertu du cirage. Dix ans pour abandonner Kiss et les Platform boots, troquer les miaulements d’Aerosmith, Deep Purple, Iron Maiden, j’en passe et des pires, pour les beuglements punks puis, toujours en voie de rédemption, découvrir qu’une corde vocale sert aussi à chanter. Alléluia ! Question garde-robe, j’ai longtemps adopté le jean, sacro-saint jean, troué, graisseux, constellé d’une noria d’icônes, d’écussons cousus par une mère indulgente et aimante, admirant son petit Mozart. Je suis passé ensuite au perfecto et, la majorité approchant, saisi par un vent de respectabilité, le cœur bourgeois, j’ai embrassé le costume mods trois boutons et la folie sixties. J’avais du style, croyez-moi, j’aurais pu jouer dans la Dolce vita. Je ne jurais que par les Jam, les Kinks et les Who, les Small faces. Mes amis n’ont pas caché leur surprise, la première fois, en apercevant dans un magnifique costume bleu importé d’Outre-Manche, au café du Terminus. Avachis sur les flippers, parmi lesquels figurait le modèle « Spiderman » – un signe –, cette bande de philistins m’a traité de postier. Les cons. L’artiste, vous le savez comme moi, suscite toujours une certaine incompréhension, il faut s’y habituer.

À suivre (…)

7_vert

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Commentaires
M
Saisissant ! C'est un fragment de l'histoire avec une grande hache, qu'on rejoint ; une part de nous-mêmes, de notre imaginaire, qu'on décrypte.
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