Chroniques d'un super-héros, 13
J’ai compris qu’on parlait de moi au bureau, j’étais l’objet de leur attention, de leur curiosité. Mes collègues, qui avaient appris pour le déjeuner avec Grany, étaient comme fébriles, tout excités. Madame Humbert ne relâchait pas la pression, elle devenait l’assistante modèle, consciencieuse, protectrice et dévouée, jouait les Cerbères impitoyables. « Non, je ne peux pas vous passer Monsieur Pétrovitch, il est occupé. Oui, c’est ça, je lui transmettrai. Rappelez demain, voilà. » Les vocations tardives, on le sait bien, sont toujours les plus radicales, mais tout de même, c’était impressionnant ! Elle rattrapait neuf ans d’oisiveté en une petite semaine. Elle ne posait plus de questions, ne faisait plus de remarques, elle travaillait. Elle n’a rien dit quand j’ai étalé sur mon bureau mon nouvel attirail : j’avais acheté à la papeterie du coin un « kit Spiderman », trousse, gomme et stylos assortis. Je m’étais aussi fendu d’un bel agenda aux couleurs de l’homme araignée. Les semaines étaient ponctuées par des photos, des récits relatifs au super héros. On découvrait ses origines, ses pouvoirs, les principaux ennemis qu’il devait affronter. Mon emploi du temps allait désormais être bardé d’exploits, aucun doute là-dessus. Madame Humbert, de son petit nom Christine, était, je l’ai dit, imperturbable. Elle a quand même sursauté, marqué un léger temps d’arrêt lorsque,
À suivre (…)