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¿ Les 7 mains ¿
24 mars 2009

Histoire du mardi 24 qui prouve, si besoin en était mais comme promis, la véracité de celle racontée le mardi 17…

Bertrand_mini

Ça se passe encore dans ma maison. Désolé, mais je ne bouge pas beaucoup ces temps-ci, de vaches maigres et de rigueur hivernale.
Ma maison est en bois, comme la plupart de celles des villages qui jalonnent la frontière orientale de la Pologne.
De l’autre côté de la rivière… Mais vous savez déjà tout ça.
J’étais donc en train d’allumer le chauffage et comme la réserve de bois est quasiment épuisée, je pensais que, fort heureusement, le printemps serait bientôt de retour. Dès ce matin en effet, sur la plus haute branche de l’arbre le plus haut des halliers qui jouxtent mon territoire, une grive litorne était venue et avait modulé de superbes vrilles en direction du ciel bleu.

On a soudain frappé à ma porte et j’ai regardé par la fenêtre. Oui, dit comme ça, ça fait un peu bizarre comme réaction… Pourquoi ne pas regarder par la porte si c’est à la porte qu’on frappe ? Parce que c’est une grosse porte pleine, voilà tout. Alors si on frappe à ma porte, je regarde par la fenêtre. Si on frappe à ma fenêtre, je ne regarde pas par la porte, rassurez-vous. Elle est pleine, je vous dis, on ne voit rien au travers.
Faut tout vous dire…
Donc, je regarde par la fenêtre : Surprise ! Il neige, il neige à gros flocons et le crépuscule est déjà tout  blanc, tout livide… Le printemps c’est pas pour demain, que je me dis, morose, et la grive et ses vrilles se sont fourvoyées et moi en même temps. Comment je vais faire, moi, si j’ai plus de bois pour me chauffer ? Il va falloir que je…
Oui mais pendant que je suis là, retenu à la fenêtre par mes considérations angoissées, le visiteur s’impatiente sous la tempête neigeuse et pousse la porte. Ah, salut ! C’est mon vieux voisin, Stanisław, celui de l’histoire de mardi. Vous vous souvenez ? Bon.
Sa lourde pelisse et sa chapka sont complètement enneigées et il s’ébroue à son aise pendant que je prépare le thé. Je lui propose une cigarette et on discute un peu. Je lui dis mes angoisses de chauffage. Il dit que c’est rien, faut pas que je me tracasse, ça ne va pas durer, on est en mars quand même ! Il ne fera pas en dessous de zéro, malgré la neige et la pleine lune qui arrive…Lui, il en a connu des grands froids ! Et le voilà qui, parti sur le froid et la pleine lune, se met à me raconter la même histoire qu’en janvier et que je vous ai racontée, moi, mardi dernier. Au détail près, tout, les gants, les barbelés, les 100 roubles sous la lune, ce que le camarade Sergueï a dit, mot pour mot, et ce qu’il a répondu, lui !
Alors moi je dis que si un vieux gars peut raconter deux fois une même histoire qui s’est passée il y a cinquante ans avec la même précision de détails, c’est que l’histoire est absolument vraie.
Et vlan ! La voilà, ma preuve. Irréfutable !
Je vous sens bouche bée, tout votre scepticisme anéanti. Allons, allons, remettez-vous… On va pas en faire une histoire, de cette histoire !
Donc, moi qui suis un garçon poli et qui aime bien mon voisin, je fais semblant d’écouter pour la première fois, je suis suspendu à ses lèvres, je m’exclame aux bons endroits, je ris comme un bossu à la chute. Mais comme je me sens faux-cul quand même, je crois bon de rajouter, pour faire diversion, ah, cette époque communiste, ça ne devait pas être tous les jours dimanche !
Stanisław dit que bon sang de bon sang, non, c’était pas rigolo tous les jours et que…Tiens, une fois, qu’il dit…Tu peux pas savoir comme les flics étaient des nigauds sous ce régime de flics !
Un soir, à Varsovie, pendant que j’attendais mon bus à l’entrée du pont Poniatowski, je vois deux flics sur ce pont qui étaient penchés et qui regardaient la Vistule.
« Sous le pont Poniatowski coule la Vistule,
Et nos amours…
»
que je me mets à réciter comme un âne et Stanisław se trouble, légèrement hébété.
Je m’excuse et, sirotant une petite gorgée de thé comme sirotent les vieillards, du bout des lèvres tremblantes, il continue que les deux flics ramassaient des pavés et les jetaient un à un dans le fleuve. C’était vraiment curieux.
Il était fort intrigué, Stanisław. Alors il s’est approché doucement, faisant mine de rien, regardant au ciel la couleur des nuages et sifflotant un petit air de folklore russe… Plouf ! Plouf !  que ça faisait, et les deux pandores à chaque fois mettaient leurs poings sur les hanches et hochaient la tête, comme des benêts perplexes. Stanisław s'est approché encore, toujours le nez dans les nuages, et il a bien entendu un des flics qui disait à l'autre  :
- Camarade Bogdan, j’ai vu et compris beaucoup de choses dans ma vie. Mais ça… J’comprendrai jamais comment des pavés carrés comme ça réussissent à faire des ronds dans l’eau !
- Moi non plus, camarade Marek, qu’il a dit, l’autre, et il a jeté un énième pavé dans la Vistule et il s’est penché encore plus, bouche bée.

Celle-là, je sais pas si elle est vraie. Faudra que je vérifie. Je vais justement à Varsovie cette semaine et je passe par ce pont.
Je vous dirai mardi s’il est bien exact qu’ils font des ronds dans l’eau, les pavés du pont Poniatowski.

7_rouge_vif

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Commentaires
P
Cher Bertrand,<br /> <br /> "C'est là tout le vice d'Internet : l'émotion de la vie sans la vie autour. " que tu écris. Belle formule à laquelle j'adhère. C'est d'ailleurs le propre de tous les médias. Même l'écriture romanesque ou poétique et les images artistiques entrent dans ta clairvoyance. Ce qui est nouveau, c'est ce direct légèrement différé des échanges écrits entre inconnus sur le réseau. Et ça c'est fascinant et frustrant tout à la fois. Des jours cette nouveauté m'amuse voir me passionne, d'autres jours j'ai l'impression d'y laisser mon âme. Mais je n'y fais pas une raison de vie et d'expression, même si j'y diffuse une partie de mon art en image, comme toi tes écrits, et c'est d'ailleurs ainsi que nous nous sommes rencontrés malgré tous les Narval et autres Pseudos.<br /> Mais c'est une sacré matière à fictions, à nouvelles et à romans. <br /> <br /> L'imagier Philip Seelen
B
Ce que tu dis là est fort juste, Philip, et je reconnais bien ta patte amicale et sensible...<br /> Mais je ne suis pas d'accord avec tous les commentaires de courtoisie qui feraient de ce Narval un être intelligent et patati..<br /> C'est devenu, pour moi, un veule calomniateur et je ne suis pas du genre à calmer le jeu, à faire mon mea culpa, allez, c'est pas grave, on est ici pour écrire et rigoler, face aux calomniateurs, surtout masqués.<br /> Les salopes ont cette constance, sous toutes les latitudes, Philip, et tu le sais bien. C'est quand ils ne savent rien qu'ils font soupçonner le plus.<br /> Ainsi : "Bertrand Redonnet, qui lui n'a sûrement lu aucun des auteurs avec qui il partage ce site"<br /> Qu'en sait-il, cet empaffé ?<br /> <br /> Dire qu'il y a de l'intelligence et de la finesse dans ses propos délibérément agressifs et sans fondements me paraît dès lors quelque peu faire insulte et à la finesse et à l'intelligence.<br /> <br /> Tu as raison sur un point essentiel : ne pas perdre son temps et son énergie dans ces joutes inégales. J'en ai déjà perdu beaucoup et je le regrette vivement.<br /> C'est là tout le vice d'Internet : l'émotion de la vie sans la vie autour. L'enfermement de chacun enfin réalisé face à soi-même.<br /> La seule façon de transformer ce vice en vertu est de se conduire comme on se conduit dans nos vies, avec le même courage face à l'agression et le même bonheur devant les manifestations de l'amitié.<br /> Et ce Narval fait tout le contraire de ce que ferait un honnête homme. Je suis sûr que si je le rencontrais un jour,avec l'envie de lui envoyer une mandalle, je serais déçu. Je me dirais qu'il y a un décalage énorme entre ce petit bonhomme flasque, vieillisant, peut-être même bedonnant, somme toute insignifiant, et la virulence insidieuse, blessante, de ses propos.<br /> Avec son "Adieu", il me fait penser, en outre, au "Au Revoir" de Giscard D'estaing'.<br /> Pathétique et grotesque.<br /> <br /> Ce sera ma dernière contribution à ce débat qui n'en a jamais été un. On ne débat pas avec un homme qui se fout une poêle à frire devant le visage, pour faire en même temps écho et brouiller le message.<br /> Retrouvons -nous ailleurs, Philip, et amitié toujours vive<br /> Bertrand
P
Narval et lecteurs de ces commentaires,<br /> <br /> Après avoir lu les lignes que m'a adressé ici Narval, je dois admettre que mes propos ont été trop bruts de décoffrage.<br /> Je dois donc les polir pour leurs donner un visage plus définitif et conforme à ma pensée de ce matin après relecture de ces échanges entre Narval et Bertrand et entre Narval et les autres auteurs des 7 mains.<br /> Je n'ai strictement aucune animosité contre quiconque sur ce blog, qu'il ou elle soit lecteur ou lectrice, ou qu'il ou elle soit auteur.<br /> Je n'aime pas, mais je sais c'est un peu ringard, la forme et le fond de ce qu'on appelle les commentaires. Je n'aime pas l'usage des pseudos assurant une immunité anonyme aux usagers du réseau le plus célèbre de cette planète. J'aime bien mettre un cerveau devant chaque clavier et derrière chaque écran.<br /> Souvent les commentaires frisent l'insulte ou le mépris ou l'incongruité absolue et les pseudos, s'ils n'insistent pas aussi parfois lourdement, disparaissent et laissent le blogeur dans la situation du censeur.<br /> Narval, je le concède volontiers, puisque je prends du plaisir à lire ses notes sagaces et souvent drôles, n'est pas de la race des prédateurs de blog. Comme lui, j'apprécie ce blog mais je ne laisse pas un commentaire à chacun de mes passages. Peut-être est-ce une erreur, mais c'est ainsi.<br /> J'ai aussi découvert ici des auteurs qui m'étaient inconnus et j'ai acheté et lu le recueil de nouvelles de Marc Villemain et le premier roman d' Emmanuelle Urien. Je vous promets de laisser plus tard, dans ces pages, mes réactions et mes états d'âme de lecteur à leur sujet.<br /> Donc, n'ajoutons pas d'huile sur le feu des débats, mais je tiens à dire que c'est Bertrand qui m'a conduit sur les 7 mains, qu'il est un ami rencontré justement sur internet et qu'il l'est devenu à la suite de nombreux échanges sur l'Exil des Mots. Nous avons même aujourd'hui des envies communes de création texte-image en Europe et surtout en Polska B, terre de ses nouveaux amours.<br /> <br /> Bertrand, écris l'Ami, tu sais si bien le faire, mais ne t'emporte pas pour une poignée de chiffres, de signes et de lettres encodés et transportés par ces fils qui nous relient tous pour plaisir de lire, rencontres et plus si entente.<br /> <br /> Vive les 7 Mains. Philip Seelen
R
Stéphane, merci de ne pas me transformer en puriste de l'orthographe, ce n'est pas parce que je suis tombée par hasard sur l'absence d'un "e"....<br /> <br /> Quant à ce débat dans lequel je tombe comme dans une soupière, je n'y comprends rien...J'attendrai que ça se calme pour revenir.<br /> <br /> Bertrand pour continuer un débat commencé ailleurs<br /> je suis particulièrement d'accord avec votre formule<br /> <br /> Les Français sont croyants non-pratiquants. Les Polonais, c'est le contraire."
S
La tournure que prend ce débat me semble bien regrettable.<br /> <br /> Bertrand est un auteur talentueux et un homme dôté d'une belle sensibilité. Narval a également un beau brin de plume et un sens de la formule qui ne nous autorise guère à sous estimer ses commentaires. On aurait juste envie de dire aux deux : lachez-vous les baskets 5 minutes et cessez de vous guetter comme deux pitbulls à travers une haie !<br /> <br /> Je sais bien que ça sent la morale à 2 balles, mais on a bien assez d'occasions au quotidien pour se prendre le choux pour des broutille pour ne pas réitérer la chose sur internet. Rangez les canifs et continuez à nous proposer de bons textes et de bons commentaires et tout ira bien.<br /> <br /> C'était mon quart d'heure Charles Ingalls !
¿ Les 7 mains ¿
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